Dr Massahoudou Joseph ALLA SENE,
neurologue au Centre Hospitalier de Gonesse
« Ce qui me tient à cœur en ce moment, c’est surtout de donner de l’espoir à ces jeunes en manque de repères, pour leur dire que tout est possible. Cela, je l’ai vécu car je viens d’une famille modeste, d’un pays africain, et à 43 ans je viens d’être reçu lauréat au concours de Praticien Hospitalier. Je me souviens d’un ami au collège qui s’étonnait que j’aie toujours l’air heureux ; quand on a la chance d’aimer ce que l’on fait, on s’y donne corps et âme, avec l’énergie nécessaire. L’envie de faire médecine est venue très jeune, et découlait d’un désir d’être utile certainement transmis par ma mère et un grand oncle infirmier, sans oublier la figure tutélaire de mon grand-père maternel.
Après mon Bac passé dans mon pays natal, le Togo, j’ai fait mes études de médecine au Mali. En fin de spécialisation de neurologie, je suis venu en France pour effectuer mes deux années de stages, d’abord à l’hôpital Bichat puis à la Pitié Salpêtrière. En France, j’ai apprécié la qualité du plateau technique et celle du personnel soignant, très dévoué, et dont la rigueur souvent féminine m’a beaucoup appris. Entré à l’hôpital de Gonesse en 2018, j’y ai gravi les échelons.
Outre ma pratique, je suis devenu animateur de la filière neurologie pour l’ARS, dans le but d’optimiser la prise en charge pré, intra et post-hospitalière sur le département, et d’influer en amont sur les pratiques. Mes seize années de terrain m’aident à faire remonter des informations utiles pour influer sur certaines décisions. S’il y a un enjeu crucial actuel, selon moi, il est dans la nécessité de raisonner davantage en termes d’équipe, notamment grâce à l’aide précieuse des IPA, que j’ai pu apprécier dans le cadre de la mise en place de la filière Parkinson.
En étant confronté aux difficultés des confrères via mes activités au sein de l’unité territoriale de neurologie regroupant les services de neurologie des hôpitaux de Gonesse, Eaubonne et Argenteuil, j’ai eu le désir d’intégrer le conseil de l’ordre pour ouvrir mon esprit sur des sujets plus régaliens, comme la planification des politiques de santé. J’y interviens dans la commission des contrats et celle des sites distincts. Contrairement à une idée reçue, l’ordre apporte une aide essentielle dans beaucoup de domaines, notamment en cas de changement de carrière ou de difficulté avec sa patientèle ou sa hiérarchie, et je me donne en quelque sorte sur ces sujets un rôle de passeur de messages. »
Propos recueillis par Nathalie Chahine