Dr Nadia Yamini,
médecin généraliste à Eaubonne.
« Quand j’étais enfant, notre médecin de famille m’a sauvé la vie – c’était un médecin à l’ancienne, dont le dévouement m’avait impressionnée. Plus tard, mon père a eu une influence décisive en m’encourageant à choisir cette profession. Après mes études à Oran, en Algérie, et l’obtention de mon diplôme de médecine générale en 1989, j’ai exercé à Tiaret, ma ville natale. Je suis entrée aux Urgences de l’hôpital EPH -Hôpital Youssef Damardji à Tiaret. C’est le service qui m’avait le plus intéressée lors de mes stages, et cet intérêt n’a jamais faibli ! En Algérie, la décennie noire (1992-2002) m’a peu à peu conduite à envisager de quitter le pays ; j’y ai été témoin d’attentats terribles, et ai été personnellement menacée. Or je venais régulièrement en France, pendant les vacances durant toute mon enfance, et aussi parce que mes deux frères y ont séjourné plusieurs années pour des raisons de santé. En 1997, j’ai effectué un stage ponctuel d’un mois à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, dans le service de maladies infectieuses. Et deux ans plus tard, la situation s’étant aggravée en Algérie, j’ai dû partir et venir en France.
Les premières années ont été très difficiles, car il me fallait tout reconstruire. A l’hôpital Delafontaine, le chef de service m’a proposé d’exercer en tant que stagiaire bénévole en attendant que ma situation se régularise.
Pour vivre, je faisais du baby sitting, et gardais notamment les enfants des confrères et consœurs. Jamais je n’oublierai la solidarité et l’entraide dont j’ai alors bénéficié. La persévérance a fini par payer ; devenue FFI (Faisant Fonction d’Interne) en 2003 dans un service de pneumo-cardiologie, j’ai enfin pu passer la PAE (Procédure d’Autorisation d’Exercice). Après avoir validé mes stages à Montmorency, j’ai pris en 2012 un poste de PHC (Praticien Hospitalier Contractuel) aux Urgences de l’hôpital d’Eaubonne. J’aime profondément l’activité de ce service où chaque patient devient simplement un être humain vulnérable qui remet sa vie entre vos mains. Après douze années, je fais toujours des gardes de nuit et n’ai jamais pris plus de deux semaines de vacances. Je n’envisage pas d’arrêter ; être hyperactive, ça aide !
Entrer au Conseil de l’ordre cette année correspond à une envie de connaître vraiment cette instance si importante. Je ne soupçonnais pas l’ampleur du travail qui s’y accomplit, et la bienveillance qui y règne. Elue en tant que titulaire, j’ai hâte de contribuer à la commission de conciliation, d’entraide, ainsi que celle relative aux violences faites aux femmes. Lorsqu’on vient d’un autre pays, faire partie de cette équipe représente un véritable aboutissement.. »
Propos recueillis par Nathalie Chahine