JURIDIQUE
Le rôle du CDOM face à la financiarisation croissante de l’exercice médical
Règlementairement, le capital social d’une SEL détenu par les tiers investisseurs ne peut excéder 25%. En assemblée générale, les médecins exerçants doivent représenter plus de 50% des votes afin de préserver leur indépendance. Or, de plus en plus, la Commission des Contrats du CDOM examine des contrats de SELARL qui se transforment en SELAS (SEL par actions simplifiées) dont les statuts sont plus flexibles. Peut alors être créé un comité stratégique, ou un conseil de surveillance (d’autres dénominations existent) comprenant par exemple deux médecins et deux investisseurs, mais avec voix comptant double pour le président du comité (non exerçant) en cas d’égalité des voix, voire des statuts modifiés (un an plus tard, quand ceux-ci sont communiqués…) avec un seul médecin exerçant et deux investisseurs.
Un risque d’atteinte à l’indépendance des médecins
Parmi les pouvoirs du comité stratégique, figure souvent la clause qui « démissionne » le président de la SELAS, ce qui met les médecins exerçants en situation précaire et porte atteinte à leur indépendance. Dans ces montages, les actions de préférence détenues par les tiers investisseurs leur permettent d’aspirer les bénéfices générés par la société (par exemple 99% pour les investisseurs, 1% pour les médecins exerçants est un cas de figure déjà vu!), la rémunération des médecins étant prévue dans les conventions d’exercice signées avec la société.
Ces montages concernent le plus souvent la biologie, la radiologie mais s’étendent actuellement à l’anatomopathologie, l’ophtalmologie et pourquoi pas bientôt à la cardiologie. Ce qui laisse craindre que bientôt les investisseurs risquent de régner sur la médecine.
La nécessaire vigilance des instances ordinales
Le rôle du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins se veut protecteur. Ainsi, le CDOM peut refuser d’inscrire au tableau une société dont le fonctionnement est contraire aux textes législatifs et réglementaires, et/ou à l’indépendance professionnelle des médecins. Quand des statuts modificatifs ne sont pas en règle, le CDOM proposera la radiation de la SELAS, si elle ne renonce pas à ces modifications. Quant aux documents non communiqués, il faut rappeler aux médecins associés qu’ils sont passibles de poursuites disciplinaires. Le CNOM a donc saisi le Parlement pour obtenir que « L’ensemble des contrats et conventions signées dans le cadre des SEL de médecins soient communiqués à l’ordre compétent. »
Dr Xavier Rigaut