Dermatologie dans le Val d’Oise,
comment résoudre la crise ?
Dr Patrice Comacle, dermatologue à Louvres
On comptabilise 3 752 dermatologues en France en 2022, un chiffre qui baisse d’environ 3% chaque année.
La densité moyenne nationale est de 5,9 dermatologues pour 100 000 habitants, avec de grandes disparités régionales (l’Ile de France et la région PACA étant les seules où le nombre de praticiens reste encore suffisant). Au niveau national, entre 15 et 30% des demandes de consultations ne sont pas honorées (source : DREES), et dans le Val d’Oise les praticiens en exercice rapportent ne pouvoir accepter qu’une demande sur six ou sept.
Des départs en retraite non remplacés. Le départ à la retraite massif de la génération des baby-boomers constitue la première cause de la pénurie. Dans le Val d’Oise, on constate que la quasi-totalité des départs ne sont pas remplacés, et le territoire de chaque patientèle s’étend pour les praticiens en exercice, qui voient parfois arriver des patients de régions où le manque de spécialistes est encore plus criant. Avec une moyenne d’âge de 53 ans se pose également le problème du vieillissement des médecins en exercice.
Travailler moins pour vivre mieux.
Le nombre de praticiens formés reste largement insuffisant, ce qui suscite des levées de bouclier régulières des syndicats de la profession. Le changement des mentalités joue aussi ; alors que la plupart des dermatologues s’installaient autrefois d’emblée en libéral, les jeunes médecins cherchent aujourd’hui une situation de salarié dans un hôpital ou une maison de santé, en grande partie pour privilégier leur qualité de vie, et travaillent souvent deux fois moins que ceux de la génération précédente.
Le problème est que dans le même temps, on assiste à une tension accrue des besoins, le vieillissement de la population augmentant la prévalence des carcinomes, mélanomes et autres pathologies de la peau liées à l’âge.
La téléconsultation, un recours ponctuel.
Du côté des patients, la téléconsultation peut offrir une alternative pour assurer un suivi, ajuster une prescription et éviter un déplacement superflu. Ce recours, utile pour les personnes âgées peu mobiles notamment, a toutefois ses limites. Les clichés pris au téléphone puis télétransmis sont souvent peu fiables. le diagnostic repose sur l’examen clinique couplé avec l’examen au dermatoscope avec éventuellement une biopsie pour étude anatomo-pathologique. Seule une consultation en présentiel permet donc de poser un diagnostic fiable.
Des solutions entre les mains des pouvoirs publics.
Des années de numerus clausus insuffisants sont en grande partie responsables de la pénurie actuelle de médecins, mais aussi la nature du cursus de formation qui repose sur un DES couplé à l’internat ; le manque de services validants réduit les débouchés pour les candidats. D’autre part, la faible rémunération de l’exercice en secteur 1 joue aussi ; une revalorisation pourrait attirer davantage de vocations. Dans tous les cas, les solutions sont clairement entre les mains des pouvoirs publics.