Dr Patricia Escobedo,

présidente d’honneur du CDOM 95, conseillère ordinale et vice-présidente de la section Ethique et Déontologie au CNOM, médecin généraliste à la retraite

 

« Adolescente, je dévorais les livres de Cronin et Franck Slaughter, des médecins qui racontaient leur vie dans des romans ; ma vocation est sans doute née de ces lectures.

Il n’y avait pas de médecin dans la famille, mais mes parents étant commerçants, aller vers l’autre a fait partie de mon éducation. Pendant mes études, un stage en réanimation pédiatrique à Necker m’a fait bifurquer vers les soins d’urgence.

Je me suis mariée, et nous avons fait le choix du Val d’Oise pour vivre « au vert ». C’est pourquoi j’ai commencé ma carrière dans le service de réanimation de l’hôpital de Pontoise, au Samu, tout en effectuant des vacations en réanimation pédiatrique et un peu d’aide opératoire à la clinique Hartmann à Neuilly – enchaîner les gardes ne nous faisait pas peur à l’époque !

Le deuxième tournant est venu en 1987, quand j’ai rejoint SOS Médecins Val d’Oise, qui s’était créé l’année précédente. L’idée était alors de créer une complémentarité, pour prendre en charge les patients assez lourds avant qu’ils arrivent aux urgences. Lorsque j’en ai pris la présidence, j’ai passé quinze années passionnantes à accompagner l’évolution de ce groupe, dont les interventions sont devenues plus nombreuses à mesure que la démographie médicale diminuait. Il a fallu trouver des compromis, être précurseurs en proposant de mutualiser les secteurs de garde pour continuer de couvrir les besoins des trois-quarts de la population du Val d’Oise.

Le manque d’attractivité de la médecine libérale est donc une problématique que je connais bien ; les aides financières gouvernementales et la création des maisons de santé pluridisciplinaires redonnent cependant un petit élan aux vocations, comme j’ai pu l’observer lors des permanences d’aide à l’installation auxquelles je participe au nom du CDOM.

L’engagement ordinal est également une activité intense dans ma vie, surtout depuis que j’ai pris ma retraite en 2021. Je suis entrée au CDOM en 1997, comme suppléante, à la demande du président de l’époque qui souhaitait rajeunir un peu l’institution. J’étais la deuxième femme à rejoindre les rangs, et la première élue présidente en 2015– la parité n’était pas encore de rigueur. Pendant six ans, j’ai essayé d’être à l’écoute et d’accompagner du mieux possible, dans leur exercice les confrères tout en préservant l’intérêt des patients.

Depuis 2019, au Conseil National j’interviens sur des questions qui me tiennent à cœur : la déontologie et l’éthique, notamment pour défendre cette pierre angulaire de la relation médecin-patient qu’est le secret médical, ainsi que sur le thème de la fin de vie. A 64 ans, je pense me retirer prochainement. J’estime nécessaire de ne pas s’accrocher trop longtemps à un poste ou une fonction, surtout quand on s’est éloigné du terrain, et de passer le relais pour que les plus jeunes apportent leur pierre à l’édifice. »

Propos recueillis par Nathalie Chahine