Docteur Sylvie Aubonnet

Dr Sylvie Aubonnet-Caupin,

médecin généraliste au Centre de Santé de Franconville

 

« Toute petite déjà, j’aimais prendre soin des autres. Mon père aurait plutôt rêvé que je tente Sciences Po, mais je voulais faire médecine et ne l’ai jamais regretté. Au moment de passer le concours de l’internat, j’ai reculé devant la montagne à gravir et choisi la médecine générale ; le côté « touche à tout » m’a permis d’apprendre beaucoup et apporté de grandes satisfactions. Après mes études à la faculté de médecine de Lille, je suis entrée en 1987 à SOS Médecins Paris Ile-de-France en tant qu’associée. Cette structure me permettait notamment d’organiser mon temps de travail, un énorme avantage pour la jeune mère de famille que j’étais alors.

Mes enfants – j’en ai quatre – sont ma deuxième vocation et je ne voulais pas passer à côté. Quinze ans plus tard, j’ai bifurqué vers un poste de salariée dans le centre de santé de Franconville – une démarche assez pionnière à l’époque. J’y ai gagné en qualité de vie, avec des horaires fixes et un travail concentré sur 4 jours – et ce que je perdais financièrement, je l’économisais en temps administratif.

Le Centre de Franconville regroupe onze médecins, deux infirmières, une orthoptiste, quatre dentistes et un orthodontiste. J’y apprécie particulièrement l’interaction entre généralistes et spécialistes, dans l’entraide et la confraternité.

Notre patientèle assez fragilisée, où prédominent les pathologies lourdes et les problèmes sociaux, a un plus grand besoin d’être aidée, d’où des situations parfois compliquées mais où je me sens profondément utile. En vingt ans, j’ai reçu dans mon cabinet jusqu’à quatre générations, comme un médecin de famille. Il y a dix ans, j’ai fait une formation de psychothérapeute pour mieux les accompagner, d’autant qu’il y avait déjà à l’époque une grande carence en psychiatres et des délais très importants en CMP. Au Conseil de l’Ordre, j’apprécie de donner un éclairage sur la médecine salariée qui a le vent en poupe aujourd’hui, accompagner les confrères et les aider à défendre leurs droits, mais aussi faire respecter la probité de notre beau métier.

Par ailleurs, je siège aussi au conseil d’administration d’EPU 95 Montmorency qui organise chaque mois des réunions de formation. A 63 ans, je pourrais prendre ma retraite dans deux ans, mais me verrais bien poursuivre mon activité deux jours par semaine. Vous connaissez l’histoire du colibri qui tente d’éteindre un feu de forêt en Amazonie, goutte d’eau après goutte d’eau ? Je suis un de ces colibris, faisant ma part de bon cœur pour améliorer autant que possible la situation de notre profession. »

Propos recueillis par Nathalie Chahine