Dr Catherine Campinos,
Cheffe du service d’endocrinologie à l’Hôpital de Pontoise, responsable de la Commission Ville-Hôpital au CDOM 95
Je pense que la vocation m’est venue au contact du médecin de mon enfance. Pendant la guerre, il avait été déporté et portait un numéro au poignet, soignait toute la famille et était proche de ma grand-mère, pharmacienne dans le vieux quartier ouvrier d’Argenteuil. Dans ma vie, les grands choix sont venus des rencontres. Je me suis lancée dans les études de médecine alors qu’on m’en dissuadait, car j’étais plutôt littéraire, et ai décroché le concours la deuxième année. L’envie de devenir endocrinologue, je l’ai eue au contact du patron du service dans lequel j’ai fait mon premier stage d’externe à Lariboisière. Le Pr Lubetzki. Il faisait ses visites en prenant soin des jeunes étudiants et internes, et dans un grand respect des patients. Une fois diplômée, j’ai commencé par un poste d’assistanat, et enchaîné avec un clinicat à Paris. L’hôpital m’a plu. Mon mari généraliste, s’installant à Saint-Prix, j’ai postulé à l’Hôpital de Pontoise. D’abord PH à temps partiel en 2004, j’ai complété mon activité en libéral – à l’époque, décrocher un temps plein hospitalier était difficile. Quand la Cheffe de service a pris sa retraite, je l’ai remplacée en 2010.
Depuis, le métier a beaucoup évolué. Même si le manque de moyens, les difficultés de recrutement,
les obligations administratives, rendent parfois le quotidien pesant, j’aime le contact avec les patients, le travail en équipe, l’apport des nouvelles technologies. Pendant le Covid, par exemple, nous avons mis en place dans l’urgence une surveillance des femmes souffrant de diabète gestationnel via une application, qui a reçu un retour positif de 90% des patientes. La télésurveillance fait partie aujourd’hui des activités du service. J’aimerais maintenant développer la téléexpertise, qui permet d’échanger ponctuellement entre médecins sur le suivi d’un patient, et d’éviter à certains malades fragiles ou très âgés des déplacements inutiles. Au CDOM, j’ai pris en charge la Commission Ville Hôpital, pour faciliter les échanges entre professionnels de santé et décentraliser les soins. A 54 ans, j’ai un regret : ne pas avoir fait de médecine humanitaire. La question de la nutrition liée à la précarité, la faim dans le monde, l’épidémie mondiale qu’est le diabète sont des pistes de réflexion pour la retraite ! Quand je ne travaille pas, je cours, suis boulimique de romans et photos de voyage, et joue du piano. Ma famille est très mélomane. Mes deux enfants ne seront pas médecins, mais je leur ai transmis une certaine idée de l’altruisme, le goût des livres et de la musique !