Dr Samir Mesbahy,
Praticien hospitalier, spécialiste en médecine physique et réadaptation – Hôpital Novo, site Beaumont-sur-Oise
« La vocation m’est venue au contact de cousins médecins et d’un grand-oncle, vrai médecin de famille « à l’ancienne ». J’ai fait mes études de médecine à Rabat, et suis venu en France poursuivre ma spécialité avec le projet de retourner exercer au Maroc. La rencontre de mon épouse a changé cette trajectoire… Après plusieurs postes d’interne, et ayant la fibre hospitalière par goût d’un service public accessible à tous, j’ai intégré le Centre de rééducation réadaptation fonctionnelle à Aincourt en mars 1995 avant d’y être nommé PH en 1999. Tout en continuant d’y assurer la permanence de soins, j’ai pris depuis 2020 la responsabilité de la Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) l’Orée de Carnelle, à orientation polyhandicap physique et mental. J’y collabore aux soins de suite EVC EPR (état végétatif chronique et état pauci-relationnel) de Beaumont-sur-Oise, où sont pris en charge des patients très fragiles, confrontés à des enjeux médicaux et sociaux pointus.
Ma grande fierté, après ma famille (je suis père de cinq enfants) et mon travail dans le domaine du handicap, est la participation à la création du premier syndicat des praticiens à diplômes hors union européenne en 1995 (le SNPAC, renommé FPS – Fédération des Praticiens de Santé). A l’époque, nous avions tous des situations précaires et pas d’interlocuteurs institutionnels ; avec une bande de copains, nous nous sommes regroupés pour créer une instance reconnue, qui puisse faire valoir nos droits. A 62 ans, cet engagement continue de me mobiliser, car l’accès aux concours de validation des compétences et aux postes de praticiens reste encore difficile pour de nombreux jeunes médecins PADHUE qui participent pourtant largement à la réussite du système de santé en France.
Au Conseil de l’Ordre, où j’effectue mon deuxième mandat, je suis membre de la commission des contrats, de la Commission Vigilance Violences Intra-familiales et Prostitution, et préside la Commission d’Entraide. Cette dernière s’intègre totalement dans notre serment d’Hippocrate : « J’apporterai mon aide à mes confrères en difficulté ainsi qu’à leur famille dans l’adversité ». La complexité croissante des charges administratives, la charge de travail ou encore l’isolement peuvent provoquer des souffrances, qui se traduisent par différentes formes (dépression, burn-out, addictions, soucis financiers…).
J’aimerais faire passer un message aux praticiens en souffrance, pour les encourager à contacter les membres de la commission, davantage en amont plutôt qu’attendre des situations de crise, la plus grande confidentialité étant assurée pour des conseils, une écoute et éventuelle orientation vers des associations d’entraide. A noter qu’un livret d’entraide assez explicite, sera bientôt disponible en ligne. Au niveau national, il existe une plateforme d’appel dédiée (gratuite et confidentielle) avec un numéro unique d’appel d’entraide le 0800 288 038, disponible 7 jours sur 7 et H24. Ce rôle précieux du conseil de l’ordre gagnerait à être mieux connu. »
Propos recueillis par Nathalie Chahine