Dr Philippe Tollié,
médecin généraliste à Franconville, responsable de la Commission des Médecins Experts au CDOM 95
« Comme j’étais très bavard, mes parents prédisaient que je deviendrai médecin ou avocat. Et en Terminale, j’ai passé le concours, comme la majorité de mes camarades de classe d’ailleurs ! La médecine générale, celle des médecins de famille qui soignent trois générations de patients, a été un vrai choix pour moi – je ne suis pas un déçu de l’internat.
Quelques jours après ma thèse en 1992, je m’installais en libéral à Franconville où je reprenais la patientèle d’un confrère. Plus tard, pour élargir mon champ d’expérience, j’ai fait plusieurs missions humanitaires au Sénégal – venir en aide à ceux qui n’ont rien donne à la médecine un sens qu’elle perd trop souvent ici. Et pour moi qui suis né au Vietnam, c’était une manière de faire vivre mon statut de citoyen du monde. Peu après, j’ai diversifié mon activité en passant un DU de laser.
L’idée de rejoindre le Conseil de l’Ordre est venue il y a huit ou neuf ans, avec une envie de « faire bouger le mammouth ». Connaître l’Ordre de l’intérieur a changé ma perception de cette institution, que je pensais coûteuse et pas assez utile. En fait, j’y ai découvert des missions très intéressantes notamment dans le domaine juridique, et une confraternité sympathique qui rompt la solitude de l’exercice en libéral. Membre de la Commission des contrats, je relis chaque mois des contrats d’installation de médecins, pour les valider mais aussi donner aux confrères des conseils utiles.
Il y a quatre ans, j’ai également pris la direction de la Commission des Médecins Experts, qui effectue des expertises auprès d’agents publics – il s’agit principalement de tâches liées à la médecine du travail pour une vingtaine de mairies du département. Evaluer les passages en mi-temps thérapeutiques ou examiner des dossiers d’invalidité me permet de varier encore davantage les champs d’activité.
Depuis six ans, j’exerce aussi en tant que Maître de stage, à la fois pour transmettre la passion du métier, me remettre en question et avoir un relais pour les consultations. En fin de stage, un interne prend en charge certains patients, ce qui permet de faire face à l’augmentation du nombre de consultations lié à la pénurie de praticiens. Pendant la première vague de Covid, j’ai contracté le virus qui a failli me tuer – depuis je lève un peu le pied et ne travaille plus qu’un week-end sur deux. Mais je reste passionné par mon métier.
A 57 ans j’aimerais, dans les années qui viennent, contribuer à lutter contre la technocratisation de la médecine, et valoriser la médecine libérale pour qu’elle continue d’attirer les jeunes. Je suis inquiet pour les patients, pour cette médecine à deux vitesses qui se dessine. Mais je ne suis pas inquiet pour les médecins, au contraire ! Deux de mes trois enfants font des études de médecine, une preuve que l’état de la profession ne les effraie pas. La relève est assurée ! »
Propos recueillis par Nathalie Chahine