Dr Dominique Barbelenet,
psychiatre à Argenteuil
« C’est une expérience artistique qui m’a mis sur la voie ; au lycée, dans un groupe de travail et de création surréaliste est né le désir de devenir psychanalyste. Pour y parvenir, le passage «obligé» par mes parents était de faire médecine. Pendant mes études, plusieurs stages ont été déterminants. En pédiatrie à l’hôpital Necker, en lien avec des psychologues de l’INSERM, j’ai découvert l’impact d’une hospitalisation précoce sur le lien mère-enfant. Plus tard, un stage dans le service de psychiatrie de l’hôpital Corentin Celton a confirmé mon intérêt pour les patients adultes présentant des troubles mentaux.
Plus que la maladie, c’est le malade qui me touche : je m’intéresse à la différence, aux fruits qui ne sont pas calibrés. Avant de passer le concours de l’internat en 1982, j’ai fait ma préparation à l’internat en psychiatrie dans un service de psychiatrie du C.H.S. de Prémontré, dans l’Aisne, où j’ai beaucoup appris. J’y ai notamment découvert l’alcoologie dans le service dédié qui ouvrait alors, ce qui m’a permis d’assurer ensuite une consultation d’alcoologie à l’hôpital de Pontoise, pendant et après mon internat. J’ai ouvert mon cabinet à Pontoise en 1988, puis ai déménagé en 2003 à Argenteuil pour me rapprocher de ma famille.
Je me définis comme un généraliste de la psychiatrie, avec une approche thérapeutique d’inspiration psychanalytique. Je reçois aussi des patients autistes majeurs, dès que mes confrères de psychiatrie infanto-juvénile les adressent à un psychiatre pour adultes (ensuite la route est longue…).
Le Conseil de l’Ordre m’a très tôt attiré, sans doute parce que les cours de déontologie médicale m’avaient beaucoup intéressé pendant mes études. J’y suis entré il y a une vingtaine d’années avec l’envie de dépoussiérer un peu cette institution, alors très décriée, et d’œuvrer pour améliorer les questions éthiques et de confraternité. Je participe à la commission de conciliation ; contribuer à éviter aux confrères de se noyer dans des procédures m’a tenu à cœur ces dernières années.
A bientôt 67 ans, que me reste-t-il à accomplir ? Au risque de paraître prétentieux, j’aimerais soigner encore mieux, mais en sachant que le mieux est l’ennemi du bien. Je pense notamment à mon travail avec les schizophrènes, au contact desquels j’ai l’impression d’apprendre pour ensuite les aider à avancer dans leur vie si particulière. La retraite, je n’y pense pas trop. Être médecin devient une identité, ça rentre dans les gênes et fait partie de soi. »
Propos recueillis par Nathalie Chahine