Dr Christian Bourhis,

médecin généraliste, le Dr Christian Bourhis quittera bientôt le CDOM 95, où il a servi avec passion et dévouement la cause durant quarante ans. Ce médecin généraliste qui a dirigé l’ordre départemental durant quinze années et occupé plusieurs fonctions clé au national, revient ici sur les grandes étapes de ses engagements.

 

« Conseiller ordinal depuis quarante ans, j’arrive au terme d’un long parcours ! Lors des prochaines élections, je ne me représenterai pas ; l’âge m’incite désormais à privilégier le calme des soirées en famille. La médecine a toujours été une vocation, amenant de grandes satisfactions à exercer mon rôle de médecin de famille, tel qu’il existait quand je me suis installé en 1977 à Bezons.

L’époque était alors à la pléthore médicale, avec des difficultés inverses de celles que nous connaissons aujourd’hui. En presque cinquante ans de carrière, j’ai vécu toute l’évolution de nos conditions d’exercice, passant des visites à domicile matinales à l’explosion des téléconsultations ! Dès mes débuts, j’ai senti le besoin de m’impliquer dans la défense de la profession, et me suis engagé auprès de la chambre syndicale des médecins du val d’Oise. Puis, en 1983, j’ai rejoint le Conseil départemental de l’ordre, dans le but de mieux comprendre les difficultés des autres exercices – hospitalier, salarié – et de participer à l’évolution future de la profession.

Au CDOM 95, j’ai en quelque sorte gravi les échelons – devenant secrétaire général, puis président de 2000 à 2015 et président d’honneur depuis. La mission dont je suis le plus fier est celle de médiation : j’ai conduit au moins deux mille conciliations au cours de ma carrière ordinale. J’ai aussi beaucoup aimé l’ancrage avec le territoire, et les multiples relations qui en découlent. Avec certains élus locaux, la DDASS, le Parquet, le SDIS et le Samu, des amitiés se sont nouées, débouchant parfois sur des liens profonds et durables.

Et puis accompagner les médecins dans leurs difficultés d’installation, participer à la création de maisons de santé pluridisciplinaires ont été des missions passionnantes, qui m’ont enrichi personnellement. Parallèlement, au Conseil national, j’ai piloté plusieurs « dossiers » qui me tenaient à cœur : l’observatoire de la sécurité des médecins de 2013 à 2016 et, depuis onze ans, la commission des contrats – études entre médecins et industrie, qui articule les limites délicates entre ces deux mondes.

Je suis aussi assesseur près la chambre disciplinaire, tâche que je poursuivrai encore durant dix-huit mois. Des regrets ? Je n’en ai aucun, à part une frustration de ne pas avoir exercé de manière plus groupée, moins cloisonnée, en imaginant des réseaux qui heureusement se créent de plus en plus. Ce qu’il me reste à accomplir ? La loi encadrant la relation entre le médecin et l’industrie évoluant, je suis heureux d’accompagner la réflexion sur ces liens qui doivent rester strictement encadrés, pour éviter par exemple que des médecins soient rémunérés au nombre de followers !

Dans les années à venir, je me prépare à accompagner des enfants hospitalisés, pour leur apporter une écoute bienveillante et mettre à profit mes compétences en compréhension du langage des 2-10 ans. Ma nombreuse descendance – onze petits-enfants de 6 à 25 ans – va aussi bien m’occuper, entre notre maison de Margency et la Corse où nous passerons plusieurs mois par an. Une retraite bien méritée… »

Propos recueillis par Nathalie Chahine