Dr Patricia Escobedo,

vient de quitter le CDOM 95, après vingt-sept années d’engagement au sein de l’institution ordinale qu’elle a présidée de 2015 à 2021, accompagnant avec enthousiasme de nombreux changements sociétaux marquants pour la profession. Retour sur une carrière jalonnée de moments mémorables.

 

« Dans ma vie professionnelle, trois moments ont été vraiment décisifs.  Le premier, en 1987, a été de répondre aux urgences médicales en participant à la création de SOS Médecins Val d’Oise. Je garde un souvenir magique des gardes de 24H, de cette sensation intense d’aller vers les patients dans un cadre d’urgence. La deuxième étape fut quand, avec d’autres confrères, nous avons mutualisé les secteurs de garde – il en existait alors près de 50 sur le département, et beaucoup de médecins libéraux qui enchaînaient ensuite leur journée de consultations voulaient privilégier davantage leur vie privée – après des négociations avec l’ARS et le Conseil de l’Ordre, SOS Médecins a pris en charge une partie de ces gardes. Et c’est ainsi que je suis entrée au CDOM en 1999 – ma troisième étape cruciale ! A 40 ans, j’étais la plus jeune conseillère ordinale, et la deuxième femme élue dans cette institution ! On mesure le chemin parcouru : aujourd’hui, beaucoup de conseillers ont moins de quarante ans, et la parité homme-femme est actée ! Après avoir été suppléante en 1997, puis successivement trésorière adjointe et secrétaire générale, je suis devenue la première femme à accéder à la présidence en 2015.

A 65 ans, je tirerai bientôt ma révérence, quand mon dernier mandat au CNOM s’achèvera en juin 2025. Arrêter cette activité risque de ne pas être facile, car il me faudra passer le relais sur des sujets passionnants : il y a le grand débat sur la fin de vie, auquel je contribue en tant que vice-présidente de la Commission Ethique et Déontologie.

L’autre sujet qui m’intéresse beaucoup est celui du patient partenaire ; au sein de la Commission de relation avec les Patients (CORAP), j’accompagne ce mouvement qui vise à impliquer des patients experts bénévoles à certains protocoles de soins, ou qui pourraient intervenir auprès des étudiants lors des études de médecine en tant que partenaires enseignants. Mais quitter le CNOM relève pour moi d’une nécessité, celle de transmettre le flambeau aux plus jeunes, car il est essentiel que ce soient eux qui mettent leur pierre à l’édifice ; je suis convaincue que les médecins ordinaux doivent être au plus près du terrain pour faire l’écho d’un monde en perpétuelle évolution.

Si j’ai un regret ? Que nous ayons dû vivre le Covid. Cette épidémie a freiné beaucoup d’élans, stoppé une dynamique, même si celle-ci a heureusement repris. Il y a un « avant » et un « après » Covid. Cette période m’a rendue plus consciente qu’il ne faut pas tarder pour mettre en place des projets et que le temps est compté. Ce temps qui me reste, je le consacrerai à présent à ma famille, à mes proches et à moi-même, entre le Val d’Oise et le soleil d’Alicante. »

 

Propos recueillis par Nathalie Chahine