Georges Hobeika

3 questions au… Dr Lorene Bach,

médecin généraliste à Ermont

Mieux prendre en charge les violences intra-familiales

Vous avez participé à la réalisation de fiches sur les violences intra-familiales diffusées par le Réseau Périnatal du Val d’Oise (RPVO), pouvez-vous nous dire dans quel but elles ont été réalisées ?

Tout est parti d’une enquête du RPVO, qui montrait que les médecins ressentaient le besoin d’une formation sur ce sujet ; de plus, la HAS avait réalisé une fiche d’évaluation des pratiques montrant que seules 3% de femmes sont questionnées sur d’éventuelles violences chez le médecin. Pourtant les chiffres sont alarmants : en France, une femme sur dix est victime de violences conjugales, ce qui signifie qu’un médecin généraliste en reçoit en moyenne une ou deux au cours d’une journée de consultation. Présentées à la CPTS du Val d’Oise Centre le 25 septembre dernier, ces dix-sept fiches publiées le site du réseau Périnatal du Val d’Oise (RPVO) ont pour objectif d’apporter une aide très pratique aux médecins.

Quelle aide concrète apportent ces fiches et quel est leur contenu ?

Ce contenu été élaboré par des médecins, sage-femmes, gynécologues et psychologues du RPVO sur des sujets essentiels tels que l’épidémiologie, les contacts utiles des associations et du Procureur de la République, le certificat médical, le mode d’emploi du signalement.

D’autres fiches au contenu plus médical et psychologique détaillent les stratégies des agresseurs et leurs conséquences sur le comportement des patientes, par exemple pour mieux comprendre le psychotrauma, qui conduit les victimes à banaliser une situation dramatique. Il est aussi question des symptômes tels que le diabète, les maladies cardiovasculaires ou les troubles alimentaires, qui restent mal connus des médecins – en effet, la violence au quotidien multiplie de 1,6 à 4 fois les risques de développer ces pathologies chroniques.

Les enfants sont-ils aussi pris en compte ?

Oui, bien sûr. L’enfant est toujours la victime directe des situations de violence intra-familiale, mais leur prise en charge reste hélas encore très insuffisante. Plusieurs fiches détaillent les nombreux symptômes permettant d’alerter le médecin, tels qu’une hyperactivité (TDAH), un trouble du comportement, ou des problèmes de sommeil récurrents. En fournissant des outils pratiques à mobiliser en consultation, ces fiches permettent de mieux en identifier l’origine, tant pour améliorer la santé de l’enfant que pour rompre le cycle de la violence et empêcher qu’une fois adulte il reproduise ce même schéma de comportement.

Propos recueillis par Nathalie Chahine