3 questions … au Dr Hayk Vardanyan

Médecin anesthésiste réanimateur, Chef de Pôle à l’Hôpital Simone Veil GH d’Eaubonne, le Dr Hayk Vardanyan a reçu les insignes de chevalier dans l’Ordre National du Mérite le 16 janvier 2023

Vous venez d’être fait Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. Selon vous, que vient récompenser cette distinction ?

C’est difficile à dire ! Mon premier accomplissement a sans doute été de réformer le service d’anesthésie-réanimation qui m’avait été confié en 2013 sur les hôpitaux d’Eaubonne et de Montmorency.

Ensuite il y a eu le premier patient atteint de Covid, en mars 2020, et la manière dont j’ai géré la crise. Comme en temps de guerre, il a fallu se mettre en ordre de bataille pour faire face. Sans aide, nous sommes passés en quelques jours de 10 à 36 lits en réanimation, avec les moyens du bord, en transférant du matériel tel que les respirateurs du bloc opératoire en réanimation pour sauver des patients, en improvisant des ateliers de fabrication de blouses pour les soignants – avec le recul, je me dis que nous avons vécu une période vraiment exceptionnelle. Je travaillais sept jours sur sept, prenant des décisions et des initiatives qu’on appliquait immédiatement, sans se poser de questions. Et la direction m’a fait confiance, j’ai eu cette chance.

Dans quelle mesure votre histoire personnelle a-t-elle joué un rôle dans votre parcours ?

J’aime bien raconter que j’ai fait mon service militaire en Sibérie, et mes études dans l’ancienne URSS – cela fait toujours de l’effet. J’avais déjà connu une situation d’urgence – quand j’étais en 5e année de médecine, le tremblement de terre de 1988 a eu lieu en Arménie. Avec une poignée de camarades, j’ai participé au sauvetage des victimes.

 J’ai un tempérament de leader, d’organisateur, depuis toujours – comme Haïk, le fondateur de l’Arménie après le naufrage de l’arche de Noé sur le mont Ararat, dirait ma fille.

Ma stature joue aussi : avec cent vingt kilos pour un mètre quatre-vingt-dix, ma parole fait le poids ! Je suis arrivé en France comme jeune médecin arménien, en tant que FFI à l’hôpital Beaujon ; le chemin parcouru depuis, grâce à tous ceux qui ont cru en moi, est pour moi une source de grande fierté.

A 61 ans, que vous reste-t-il à accomplir ?

Depuis un an, j’encadre en tant que Chef de Pôle les services d’anesthésie, de réanimation, de radiologie, du bloc, de la chirurgie ambulatoire, de la pharmacie et de la Biologie.

Deux gardes par mois en anesthésie réanimation me permettent de conserver un contact indispensable avec le terrain. La prise en charge obstétricale, la pose de chambre implantable en cancérologie, le développement des techniques de cathéterisation et l’accueil d’étudiants sont autant de champs qui me tiennent particulièrement à cœur.

J’ai aussi créé Hay Asso, une alliance médicale qui a pour but de soutenir le développement du système de Santé en Arménie et en Artsakh, en formant des médecins à des spécialités. Nous devrions bientôt nous rendre sur place, dans un hôpital partenaire, situé dans la ville où avait eu lieu le tremblement de terre si dévastateur. C’est une manière de venir en aide à mon pays natal qui en a tant besoin.