3 questions à… Edouard Devaud
Chef du Service de Pathologies Infectieuses et Tropicales à l’hôpital René Dubos de Pontoise, Président de la CMU du Groupe Hospitalier Nord-Ouest Vexin Val d’Oise, le Dr Edouard Devaud a reçu la Légion d’Honneur le 9 décembre 2022.
Que vient couronner cette distinction prestigieuse ?
Sans doute vient-elle saluer la gestion de la crise sanitaire et la connexion qui a pu être établie entre l’hôpital et la ville dans le Val d’Oise. Cette récompense m’a vraiment surpris, car j’ai eu l’impression de ne faire que mon travail, de mettre en action mon expérience de chef de service et une dimension organisationnelle qui fait partie de mon quotidien. Mon rôle a consisté à écrire le protocole qui a permis d’assurer la continuité des soins, avant, pendant et après la phase hospitalière. Mais c’est une des premières fois qu’autour d’un sujet précis une telle coordination a pu se créer. Je préfère renverser le sujet, et reverser cette récompense à l’ensemble des personnes qui m’ont accompagné durant cette période, y compris mon entourage extra-professionnel.
En vingt-cinq années de carrière hospitalière senior, quelle serait votre plus grande fierté ?
Mon principal accomplissement restera sans doute d’avoir créé le service de maladies infectieuses. Monter une activité pour qu’elle rende le service au meilleur niveau prend au moins dix ans.
Constituer une agglomération de compétences, une équipe, un lien de confiance tant avec les correspondants libéraux qu’avec les usagers, interagir avec le CHU ; tout cela nécessite un travail de grande ampleur, un marathon qui mobilise pas mal de persévérance et d’endurance.
Pour les années à venir, avez-vous un objectif prioritaire ?
Au vu de la situation actuelle, je voudrais redonner confiance aux professionnels dans la puissance de l’hôpital public. Je ne comprends pas l’actuelle désaffection pour ce métier, qui est pourtant source de satisfactions et d’émotions incroyables. Il faut œuvrer pour désobscurcir les esprits de ce marasme ambiant et de contingences qui sont souvent hors sujet. Le jour où je partirai, je voudrais aussi que les frontières entre l’hôpital et la ville soient enfin tombées. Cette opposition historique entre un hôpital élitiste et une médecine libérale qui s’est construite « en dépit » des centres hospitaliers, nous en traînons toujours le fardeau. S’en défaire constitue une mission essentielle sur le temps long.