3 questions au… Dr Yahia Yahoui,
Chef de service du SAMU95 – SMUR NOVO à Pontoise et Beaumont-sur-Oise ainsi que des Urgences de Beaumont-sur-Oise.
Le 5 mars dernier, vous avez succédé au Dr Agnès Ricard-Hibon, en quoi est-ce un challenge ?
A 36 ans, me retrouver à la tête d’un service de SAMU-SMUR en Ile-de-France est forcément un challenge ! J’y exerçais depuis quatre ans comme Responsable médical de l’unité fonctionnelle interne quand le Dr Ricard-Hibon m’a proposé le poste en janvier dernier – cette nomination a été entérinée par la Commission Médicale d’Etablissement en mars. L’autre challenge vient aussi des nombreux partenaires avec lesquels les services d’urgence collaborent au quotidien, en premier lieu l’ARS Ile de France et la Préfecture, le service départemental d’incendie et de secours, les forces de sécurité intérieure, les opérateurs privés sanitaires. Il s’agit d’arriver à travailler ensemble à l’image d’un orchestre en harmonie, avec cependant chacun sa partition et ses objectifs.
Pensez-vous possible d’améliorer l’attractivité des carrières en médecine d’urgence, contrainte aujourd’hui par la formation initiale ?
C’est effectivement un vrai sujet. Les DES de médecine d’urgence ne permettent pas de bifurquer vers un autre type d’exercice. Les urgentistes choisissent d’exercer ce travail intense quand ils sont jeunes, mais il est irréaliste de penser qu’ils puissent tenir le rythme jusqu’à 67 ans. Au fil des années, il devient difficile d’encaisser les nuits, la charge émotionnelle de certaines situations d’urgence – annoncer le décès d’un enfant, en particulier.
Il faut se protéger, surtout au vu des carrières longues qui nous attendent ! C’est pourquoi, au début du mois de mars, nous avons entériné grâce à notre direction le passage aux 39 H pour tous les personnels médicaux du SAMU 95. Cela nous permet d’être plus attractifs sur le recrutement médical. Il reste toutefois à mener une vraie réflexion sur le sujet des formations transversales de carrière.
Pouvez-vous nous dire un mot du nouveau Service d’Accès aux Soins (SAS), dont vous êtes aussi responsable ?
Dans le Val d’Oise, son déploiement se passe très bien et la collaboration se déroule dans un climat d’écoute et de respect des besoins. Les médecins libéraux ouvrent volontiers des plages horaires, et les CPTS se structurent progressivement pour accompagner cette réponse aux soins urgents non programmés. Toute la difficulté pour nous est d’orienter à bon escient, d’arbitrer en finesse. Les consultations accessibles via le 15 ne peuvent remplacer celles du médecin traitant en cas de pathologie chronique. L’enjeu, selon moi, est d’éviter une banalisation du soin ; la médecine n’est pas et ne doit pas devenir un bien de consommation.
Propos recueillis par Nathalie Chahine